En parcourant un livre sur la gestion financière des entreprises, je découvre la théorie économique de Joseph Schumpeter, considéré comme l’un des plus grands économiste du XXeme siècle. Son modèle de « destruction créatrice » et sa définition des acteurs du monde capitaliste est d’une grande modernité. Schumpeter constate que l’état économique subit en permanence des transformations majeures selon des cycles a quatre temps : prospérité, récession, dépression, reprise. Toute notre histoire est écrite en cycles économique plus ou moins longs. Or, les raisons se trouvent à l’intérieur même de l’ordre capitaliste, elles sont endogènes en quelque sorte. Un facteur dominant explique ces changements permanents de l’économie : l’innovation. Les innovations ne sont pas seulement des « technologies nouvelles », mais au sens large, des pratiques neuves dans l’exécution de « nouvelles combinaisons ».
Selon Schumpeter, il existe un acteur économique majeur à l’origine de ces innovations : l’entrepreneur. L’entrepreneur évolue dans un monde d’anticipations, sans certitudes ni règles bien établies. Contrairement au gérant, il est psychologiquement débarrassé des combinaisons productives habituelles. Il doit développer de nouvelles idées, en surmontant la réaction des groupes menacés qui s’opposent au changement. Selon Schumpeter, un entrepreneur doit avoir les qualités de chef, non pas au sens d’une position dans un organigramme, mais en tant qu’individu capable de surmonter les difficultés rencontrées pour effectuer de nouvelles combinaisons. Les possibilités existent toujours, mais seul l’entrepreneur innove car il dispose d’une manière spéciale de voir les choses, d’une volonté et d’une capacité à aller seul de l’avant, de ne pas être freiné par les résistances et d’avoir de l’autorité. Ses motivations ne sont pas pécuniaires, mais plus psychologiques ou pathologiques.
Ses qualités ne sont pas très éloignée de la figure quasi mythologique de l’artiste ou de celles que nous appellons chez reciproque l’ingénierie, selon la pratique de la dissolution des noeuds de Wittgenstein. L’entrepreneur est donc le grain de sable de la machine capitaliste. Peut-il tuer le capitalisme ? Non, car il constitue le facteur principal de succès du capitalisme, dont l’objet est de donner du crédits au nouvelles combinaisons qui détruisent les situations dominantes pour en créer de nouvelles. Cette innovation génère de l’insécurité individuelle, mais crée aussi de nouveaux progrès sociaux. Dans la société capitaliste, le progrès est synonyme de bouleversement. L’entrepreneur en est le leader.
L’économiste tire une conclusion plus large de cette constatation et met en garde sur les fragilités de la civilisation du capitalisme : dépersonnalisation de la société d’innovation par la technologie, logique de réglementation inévitable, destruction de la motivation d’instabilité, hostilité croissante de l’opinion vis a vis du climat d’insécurité, emergence d’une classe intellectuelle critique et consciente. Ces changements finiront par entrainer le système avec lui. Les citoyens vont demander de plus en plus d’Etat, ce qui encouragera à terme l’effondrement du capitalisme et la marche vers le socialisme.
Une société, quelle que soit sa forme, est avant tout un dispositif de
production de fidélité.
Bravo de vous lire. A completer par le lecture de cet ouvrage sorti recemment en angleterre http://www.demos.co.uk/publications/theentrepreneurialstate (telechargement gratuit)