Comment fabrique-t-on un best-seller, un hit ou un blockbuster ? Pourquoi le pop-corn et le Coca-Cola jouent-ils un rôle majeur dans l’industrie du cinéma ? Après avoir échoué en Chine, Disney et Murdoch réussiront-ils à exporter leur production en Inde ? Comment Bollywood séduit-il les Africains et les telenovelas brésiliennes, les Russes ? Pourquoi les Wallons réclament-ils des films doublés alors que les Flamands préfèrent les versions sous-titrées ? Pourquoi ce triomphe du modèle américain de l’entertainment et ce déclin de l’Europe ? Et pourquoi, finalement, les valeurs défendues par la propagande chinoise et les médias musulmans ressemblent-elles si étrangement à celles des studios Disney ?
Pour répondre à ces questions, le journaliste et chercheur Frédéric Martel a mené une longue enquête et a publié un livre Mainstream (Flammarion), absolument passionnant et très documenté. Ce qu’il nous rapporte est à la fois inédit, fascinant et inquiétant : la nouvelle guerre mondiale pour les contenus a commencé.
Au coeur de cette guerre : la culture du grand public. De nouveaux pays émergent avec leurs médias et leur divertissement de masse. Internet décuple leur puissance. Tout s’accélère. En Inde, au Brésil, au Arabie saoudite, on se bat pour dominer le Web et pour gagner la bataille du « soft power ». On veut contrôler les mots, les images et les rêves. Son enquête ne parle pas du rôle des grands musées et des foires internationales dans la compétition concernant la vision du patrimoine culturel, mais beaucoup de chapitres éclaire les pratiques actuelles dans le monde de l’art de l’exposition.
Comment il faut faire pour plaire à tout le monde, partout dans le monde ?
La culture, c’est aussi une industrie. La conception idéalisée par certains de la culture – en faisant de celle-ci une pure création – affranchie de toutes contraintes matérielle et financières oublient facilement que sans mécène il n’y aurait eu autant de production artistique, sans imprimeur il ne saurait y avoir de diffusion d’oeuvre littéraire. Certes la culture mainstream est uniformisée et forcément médiocre. Mais la culture populaire est-elle laide ? C’est une autre affaire.