Pekka Himanen, dans son essai L’éthique Hacker, soutient la thèse selon laquelle les pratiques sociales des hackers du logiciel libre véhiculent une éthique qui s’affirme en rupture profonde avec l’éthique protestante à la base du capitalisme que nous connaissons. Elle constitue une innovation sociale susceptible d’avoir une portée qui dépasse largement les limites de l’activité informatique. « L’éthique hacker devient une expression qui recouvre une relation passionnée à l’égard du travail », le hacker y étant alors « un expert ou un enthousiaste de toute nature ».
Dans l’éthique protestante du travail, le travail est une fin en soi, son moteur est le profit ou l’appât du gain. Le travail est la finalité morale et naturelle de la puissance. Le non-travail est assimilé à de l’oisiveté, qui elle-même ne peut conduire qu’à la déchéance morale. La culture capitaliste en quelque sorte.
Le moteur principal de la mise au travail des hackers consiste dans le plaisir, dans l’engagement passionné (dont Linus Torvald est la figure emblématique, et Wikipedia la réussite la plus flagrante), pas dans l’argent.
C’est une organisation productive qui, se caractérise par :
- un travail non prescrit par une autorité hiérarchique
- un travail sans séparation entre conception et exécution
- une coordination assurée par la coopération directe entre les acteurs
- l’abscence de dépendance salariale unique
Dans la version hacker du temps flexible, différentes séquences de vie comme le travail, la famille, les amis, les hobbies, sont mélangées avec une certaine souplesse de telle sorte que le travail n’occupe jamais le centre.
Au-delà de considérations éthiques, ce modèle basé sur l’ouverture des connaissances et l’innovation permanente s’avère le plus adapté pour l’activité productive de création de connaissance. A l’ère de l’information, les nouvelles informations sont crées plus efficacement en laissant la place à l’enjouement et à la possibilité d’organiser son rythme de travail.