Le monde des grands musées nationaux, c’est celui d’une consommation de masse standardisée, due au petit nombre d’espace d’exposition et à leur politique d’accrochage forcément limité. D’où la nécessité de se concentrer sur les goûts les plus évidents, les plus communs, du public.
Certaines expositions temporaires amène le visiteur vers des territoires différents ou tentent de redéfinir la présentation des collections. L’art contemporain colonise la ville depuis un certain temps avec des galeries très actives. Mais cela ne concerne qu’un tout petit nombre d’individus privilégiés, puisque les deux barrières physiques (l’espace et le temps – être là, au bon moment) peuvent rarement permettre d’attirer un grand nombre de visiteur et de garantir l’équilibre financier des expositions.
En donnant l’accès à un espace illimité, accessible depuis n’importe quel point de la planète, l’Internet a dynamité ce modèle. Comme dans toutes les industries culturelles, la migration vers le numérique signifie désormais la place pour un choix infini et une demande illimité.
Nous assistons à l’effondrement final du système traditionnel, avec un transfert de pouvoir des producteurs vers les consommateurs. Le concept de « public cible » est une grille de lecture marketing qui n’a plus d’avenir. On peut, grâce à Internet, satisfaire beaucoup plus de goûts différents et découvrir des oeuvres auxquelles ont n’avait pas ou plus accès. Nous allons vers une fragmentation des audiences, qui va redéfinir la notion de succès mais aussi celle de l’offre culturelle.
Le marché de masse, les catégories les plus instruites, sont déjà touchées par les musées. Qu’en est-il des autres couches de la population ? Il faut leur parler autrement, dans leur langue, en tenant compte de leur code, de leurs bagages culturels… Cela devient beaucoup plus aisé à faire avec les moyens actuels de production et de distribution du contenu numérique.